François Hollande a souhaité que l'anniversaire du 6 juin 1944 soit "un moment important de cohésion nationale et de solidarité internationale" mercredi après-midi lors de la commémoration du Débarquement en Normandie. Au regard de cette histoire, le chef de l'Etat a souhaité "être à la hauteur" du "combat européen".
"J'apporte tout le soutien de l'Etat à l'initiative prise par la région Basse-Normandie en faveur de l'inscription des sites du Débarquement au patrimoine mondial de l'humanité", a déclaré François Hollande lors de son discours au Mémorial de Caen (Calvados). La région et le musée portent la candidature des sites du Débarquement à l'inscription sur la liste de l'UNESCO en vue du 70e anniversaire, en 2014.
"Je tiens à ce que le 6-Juin soit chaque année dans notre pays un moment important de cohésion nationale et de solidarité internationale", a ajouté le chef de l'Etat, souhaitant préparer dès à présent les cérémonies du 6 juin 2014, auxquelles seront invités les chefs d'Etat et de gouvernement "de tous les peuples qui ont combattu ici".
"La mémoire, c'est aussi savoir d'où l'Europe vient et où elle doit aller. Cette région, la Normandie, est couverte de tombes d'enfants de l'Europe toute entière. (...) Tous les Européens, qui sont les enfants de ceux qui ne sont pas morts, doivent être capables, 68 ans après, d'accorder une Europe de paix, de solidarité et de progrès", a souligné François Hollande.
"Seule l'émergence d'une conscience européenne commune nous prémunira contre le retour de la haine, du nationalisme, de l'extrémisme, du populisme, et donc nous devons être à la hauteur de celles et ceux qui nous ont précédé dans le combat européen", a-t-il estimé.
"La mémoire, ce n'est pas un sentiment, ce n'est pas une attitude, ce n'est pas un état d'esprit. C'est une politique et j'en suis désormais le garant", a-t-il assuré.
La bataille de Normandie, qui a duré jusqu'au 29 août 1944, a coûté la vie de 20.000 civils dans la région, a-t-il rappelé. Elle a aussi fait 38.500 morts et 19.000 portés disparus parmi les Alliés et 69.000 morts allemands, a-t-il souligné, après avoir visité le Mémorial de Caen, qui accueille 400.000 visiteurs par an. A la demande du chef de l'Etat, le musée est resté ouvert au public pendant sa venue.
Auparavant, François Hollande a assisté à une cérémonie au cimetière militaire de Ranville (Calvados), où se trouvent les tombes de plus de 2.500 soldats dont plus de 2.100 Britanniques, et cinq Français, ainsi qu'environ 300 Allemands.
"J'étais tellement jeune que la jeunesse m'a sauvé. J'avais dix-sept ans et demi. Je n'avais aucune appréhension", s'est souvenu René Rossey, qui a débarqué le 6 juin 1944 à l'âge de 17 ans avec le commando Kieffer. Cet habitant de Maurepas (Yvelines), qui va avoir 86 ans en août, avoue revenir sur les lieux, chaque année pour les cérémonies, avec une "petite appréhension" et "presque" quelques "frissons".
"Retourner chez nous, pour nous c'était énorme. Il fallait qu'on fasse ce travail (...) On ne venait pas pour conquérir" mais pour "défendre (notre) pays", a-t-il témoigné.
Après un dépôt de gerbes, une minute de silence et les hymnes nationaux français et britannique, le chef de l'Etat a longuement salué les autorités militaires, les vétérans et la foule, sous une pluie battante. "Le quinquennat a commencé sous la pluie, il se poursuit sous la pluie, mais c'est une pluie bienfaitrice", a commenté François Hollande, faisant référence au déluge qui s'était abattu sur les Champs-Elysées le jour de la passation de pouvoirs, le 15 mai.
A quelques dizaines de kilomètres de là, dans la Manche, un monument dédié à toutes les unités américaines qui ont participé au Débarquement a été dévoilé mercredi matin près de la plage d'Utah Beach, sur la commune de Sainte-Marie-du-Mont.
Fabriquée au Colorado, la statue de 3,6 mètres est à l'effigie de Richard Dick Winters, natif de Pennsylvanie aux Etats-Unis, qui fut parachuté lors du Débarquement en tant que commandant de la "Easy Company" et fait partie des héros de la mini-série américaine, "Band of Brothers", produite en 2001 par Tom Hanks et Steven Spielberg.
Mort l'an dernier à l'âge de 92 ans, il n'avait accepté de servir de modèle qu'une fois décidé qu'il serait dédié à tous les jeunes soldats américains qui servirent ce jour-là. L'ancien gouverneur de Pennsylvanie Tom Ridge assistait à l'inauguration, ainsi que deux anciens de la "Easy Company", Al Mampre et Herb Suerth.
Article publié le 6 juin 2012 sur le site Nouvelobs.com :
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/ ... onale.html